Athanase d’Alexandrie : Lettre à Orsisios

Dimanche 24 mai 2009 — Dernier ajout vendredi 9 avril 2010

Cette lettre de saint Athanase est à la fois un éloge du moine Théodore qui vient de décéder (le 27 avril 368) et une exhortation qui vise à convaincre Orsisios d’assumer pleinement la direction du monastère dont il partageait jusqu’alors la responsabilité avec Théodore.

thanase à l’abbé Orsisios, père des moines, et à tous ceux qui avec lui cultivent la vie solitaire, fermement établis dans la foi en Dieu, aux frères très aimés et très désirés, salutation dans le Seigneur.

J’ai appris le décès du bienheureux Théodore, et la nouvelle m’a causé une grande anxiété, sachant combien il vous était précieux. S’il ne s’agissait pas de Théodore, je vous écrirais beaucoup plus longuement et en y joignant mes larmes, à cause ce ce qui suit la mort, mais puisqu’il s’agit de Théodore, que vous comme moi avons connu, qu’ai-je besoin de dire dans ma lettre, si ce n’est « bienheureux est Théodore, qui n’a pas marché dans le conseil des impies » (Ps 1, 1). Mais si « bienheureux est celui qui craint le Seigneur » (Ps 3, 1), nous pouvons maintenant avec confiance l’appeler bienheureux, car nous avons la ferme assurance qu’il a atteint pour ainsi dire le port, et qu’il jouit d’une vie sans inquiétude. Puisse-t-il en être de même pour chacun de nous ! Puisse chacun parvenir dans sa course à ce but ! Puisse chacun dans sa navigation faire aborder son bateau dans le port tranquille de là-bas, afin que dans le repos il dise avec les Pères : « c’est ici que j’habiterai, car j’ai choisi cette demeure » (Ps 131, 14). Ainsi donc, frères bien-aimés et très chers, ne pleurez pas sur Théodore, car il « n’est pas mort, mais il dort » (Mt 9, 24).

Que personne ne pleure son souvenir, mais qu’on s’applique à l’imiter, car il ne faut pas s’affliger sur celui qui est parti pour un lieu où il n’y a pas d’affliction. Cela, je vous l’écris à tous, mais en particulier à toi, cher et très aimé Orsisios, afin que, maintenant qu’il est entré dans son repos, tu n’hésites pas à assumer la charge entière et à prendre place parmi les frères, car, lui vivant, vous étiez à vous deux comme un seul : lorsque l’un était absent, la charge des deux était remplie et, lorsque les deux étaient présents, vous étiez comme un seul, entretenant les bien-aimés de ce que vous faisiez pour leur bien. Agis donc dans ce sens, et, ce faisant, écris-moi et parle-moi de ta santé et de la fraternité.

Je vous demande à tous sans exception de chercher à obtenir du Seigneur, dans vos prières à Dieu, une paix plus ferme pour les Eglises. À présent il nous a été accordé en effet de pouvoir célébrer dans un esprit tranquille les solennités de Pâques et de la Pentecôte ; ces bienfaits de Dieu et de notre Seigneur nous remplissent d’une grande joie. Voilà ce que nous avions à vous écrire.

Saluez tous ceux qui craignent vraiment Dieu. Ceux qui sont avec moi vous saluent. Je vous invite tous à être forts dans le Seigneur frères très chers et très désirés.

Sources :

Quasten (Initiation aux Pères de l’Église, tome 3, p. 235-236) a donné une traduction partielle de cette lettre à partir du texte grec (PG 26, col. 977). Cette traduction a été complétée avec l’appui d’une version latine (Acta Sanctorum, Maii, tome 3, p. 333).
On trouvera une traduction française de cette lettre dans L. Th. Lefort, Les vies coptes de saint Pachôme, Muséon 16, 1943, p. 380.

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