Benoît XVI : Saint Basile au service de Dieu et des hommes

Dimanche 30 septembre 2007 — Dernier ajout vendredi 9 avril 2010

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Audience générale du 4 juillet 2007. Texte original italien dans l’Osservatore Romano du 5 juillet. Paru dans La Documentation Catholique n° 2387 du 07/10/2007, p. 818. (*)

Chers Frères et Sœurs,

Nous voudrions rappeler aujourd’hui le souvenir de l’un des plus importants parmi les Pères de l’Église, saint Basile, que les textes de la liturgie byzantine appellent « un phare de l’Église ». Ce fut un grand évêque du IVe siècle, que regardent avec admiration aussi bien l’Église d’Orient que l’Église d’Occident, à cause de la sainteté de sa vie, de l’excellence de sa doctrine et de l’harmonieuse synthèse de ses qualités spéculatives et pratiques. Il naquit aux environs de 330 dans une famille de saints, véritable « Église domestique » dont la vie s’écoulait dans un climat de foi profonde. Il étudia auprès des meilleurs maîtres d’Athènes et de Constantinople. Ne se satisfaisant pas de ses réussites mondaines, et se rendant compte d’une importante perte de temps dans les vanités, il allait confesser lui-même : « Un jour, comme me réveillant d’un profond sommeil, je me tournai vers l’admirable lumière de l’Évangile (…) et pleurai sur ma misérable vie » (cf. Lettres 223). Attiré par le Christ il commença à regarder vers lui et à n’écouter que lui (cf. Moralia, 80, 1, Patr. Gr. 31, 860bc). Il se livra avec zèle à la vie monastique dans la prière, dans la méditation des Saintes Écritures et des écrits des Pères de l’Église, et dans l’exercice de la charité (cf. Lettres 2 et 22), suivant l’exemple de sa sœur, sainte Macrine la Jeune qui déjà vivait dans l’ascétisme monacal. Il fut ensuite ordonné prêtre et finalement, en 370, évêque de Césarée de Cappadoce, dans la Turquie actuelle.

Un monachisme ouvert à l’Église locale

Par sa prédication et ses écrits, il développa une intense activité pastorale, théologique et littéraire. En un sage équilibre, il sut à la fois travailler au service des âmes et s’adonner à la prière et à la méditation dans la solitude. Tirant parti de son expérience personnelle, il favorisa la fondation de nombreuses « fraternités » ou communautés de vie de chrétiens consacrés à Dieu, auxquelles il rendait fréquemment visite (cf. Grégoire de Nazianze, Discours 43, 29 Éloge de Basile). Par la parole et les écrits, dont un grand nombre nous est parvenu (cf. Regulæ Brevius Tractatæ, proemio, Patr. Gr. 31, 1080ab), il les exhortait à vivre et progresser dans la perfection. Divers législateurs du monachisme antique sont aussi redevables à ses œuvres, parmi lesquels saint Benoît qui considérait Basile comme son maître (cf. Regula 73, 5). En réalité, Basile a créé un monachisme très particulier : non pas fermé à la communauté de l’Église locale, mais lui étant ouvert. Ses moines faisaient partie de l’Église locale, en étaient le noyau vivifiant qui, précédant les fidèles dans la vie à la suite du Christ et pas seulement dans la foi, montrait ce qu’est une ferme adhésion à lui, l’amour pour lui, spécialement dans les œuvres charitables. Ces moines, qui avaient écoles et hôpitaux, étaient au service des pauvres et ils ont ainsi montré ce qu’est la vie chrétienne dans son intégrité. Le Serviteur de Dieu Jean-Paul II, parlant du monachisme, a écrit : « Beaucoup estiment que le monachisme, en tant que structure capitale dans la vie de l’Église, a été établi au long des siècles principalement grâce à saint Basile ; ou, au moins, qu’il n’aurait pas été défini dans sa nature propre sans sa contribution décisive » (Lettre apostolique Patres Ecclesiæ, 2).

L’accueil et le soin des malades

Comme évêque et pasteur de son vaste diocèse, Basile se préoccupa constamment des conditions matérielles difficiles dans lesquelles vivaient les fidèles ; il dénonça les maux avec fermeté ; il s’engagea en faveur des plus pauvres et des marginalisés ; il intervint également auprès des autorités pour alléger les souffrances des populations, surtout dans les moments de calamités ; il veilla à la liberté de l’Église, et même s’opposa aux puissants pour défendre le droit de professer la vraie foi (cf. Grégoire de Nazianze, Discours 43, 48-51). À Dieu, qui est amour et charité, Basile rendit le puissant témoignage de la construction d’hospices pour les malheureux (cf. Lettres 94), telle une cité de la miséricorde, qui prit de lui le nom de « Basiliade » (cf. Sozomène, Hist. Eccles. 6, 34). Elle est à l’origine des institutions hospitalières modernes d’accueil et soin des malades. Bien conscient que « la liturgie est le sommet auquel tend l’action de l’Église et en même temps la source d’où découle toute sa vertu » (Sacrosanctum concilium, 10), Basile, tout en étant soucieux de réaliser la charité qui est le signe de la foi, fut également un sage « réformateur liturgique » (cf. Grégoire de Nazianze, Discours 43, 34). Et, de fait, il nous a laissé une grande prière eucharistique, ou anaphore, que l’on désigne de son nom, et il a donné leur organisation fondamentale à la prière et à la psalmodie : sous son impulsion, le peuple put aimer et connaître les psaumes, se réunissant même la nuit pour les prier (cf. Basile, In psalmum 1, 1-2). Nous voyons par là comment la liturgie, l’adoration et la prière vont de pair avec la charité, les unes et les autres se conditionnant réciproquement.

Avec zèle et courage Basile sut s’opposer aux hérétiques qui niaient que Jésus-Christ fût Dieu comme le Père (cf. Basile, Lettres 9, 3 ; Lettres 52, 1-3 ; Contre Eunome 1, 20). De la même façon, contre ceux qui n’acceptaient pas la divinité du Saint-Esprit, il soutint que l’Esprit est Dieu et « doit être reconnu et glorifié avec le Père et le Fils » (cf. Traité sur le Saint Esprit, SC 17bis, 348). Basile est par là un des principaux Pères à avoir formulé la doctrine sur la Trinité : le Dieu unique, parce qu’il est Amour, est un Dieu en trois Personnes, lesquelles constituent la plus profonde unité qui existe, l’unité divine.

Dans son amour pour le Christ et pour son Évangile, le grand cappadocien s’engagea aussi à la guérison des divisions internes à l’Église (cf. Lettres 70 et 243), mettant tout en œuvre pour que tous se convertissent au Christ et à sa Parole (cf. De judicio 4), force unifiante à laquelle tous les croyants doivent obéir (cf. ibid. 1-3).

En conclusion, Basile se dépensa totalement au service de l’Église et dans l’exercice multiforme du ministère épiscopal. Selon le programme que lui-même avait tracé, il devint « apôtre et ministre du Christ, dispensateur des mystères de Dieu, héraut du Royaume, modèle et règle de piété, œil du corps de l’Église, pasteur des brebis du Christ, médecin compatissant, père et nourricier, coopérateur de Dieu, vigneron de Dieu, bâtisseur du Temple de Dieu » (cf. Moralia, 80, 11-20).

Tel est le programme que le saint évêque transmet à ceux qui annoncent la Parole, hier comme aujourd’hui, un programme que lui-même s’est généreusement employé à mettre en pratique. En 379, Basile, qui n’avait pas encore cinquante ans, consumé par la fatigue et l’ascèse, retourna à Dieu « dans l’espérance de la vie éternelle, par Jésus, le Christ Notre-Seigneur » (Du baptême, 1, 2, 9). Il avait été un homme vivant réellement le regard fixé sur le Christ, un homme de l’amour pour le prochain. Plein de l’espérance et de la joie de la foi, Basile nous montre comment être réellement chrétiens.

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Traduction du Fr. Michel Taillé pour La Documentation Catholique.

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