Éphrem de Nisibe : Hymne à la Trinité

Dimanche 28 août 2005 — Dernier ajout jeudi 15 novembre 2007

Vous trouverez ici une traduction inédite de la très belle hymne LXXV de saint Éphrem de Nisible. Le poète y médite sur la petitesse de l’homme cherchant à accéder au Dieu trinitaire qui le dépasse de toutes parts.

HYMNE LXXV

Sur la même mélodie

1 Vois comme il t’étonne,
Le soleil, ta lampe,
Faible que tu es !
Et tu ne sais pas
Comment le scruter !

  • Refrain : À Toi soit la gloire !

2 Et le Créateur ?
Comment Le scruter
En humain ? Connais
Ton humanité,
Ô toi le fils d’homme !

3 Elle est impalpable,
La subtilité
De ce luminaire
Non caché, pourtant,
De qui le saisit.

4 Elle est invisible
Aussi, la chaleur
Issue du rayon ;
L’œil ne la voit point :
C’est chose filtrée !

5 Le rayon vainc l’œil,
De par sa chaleur ;
Et l’oreille aussi,
Tant il est ténu.
Ni toucher, ni vue !

6 La bouche, l’oreille,
Et le nez aussi
(trinité de sens)
Ne perçoivent pas
Le triple soleil.

7 Cet astre, en effet,
La bouche jamais
Ne l’a consommé ;
Son orient, jamais
Nez ne l’a flairé !

8 Oreille non plus
Jamais n’entendit
Lumière parler :
Elle court pourtant
Sur tout le créé.

9 Vois : face au soleil,
Au petit soleil
Dans le firmament ,
Trois sens à la fois
Sont bien impuissants !

10 Quand ton corps entier
Ne serait que sens,
Il n’atteindrait point
La Divinité
À nous tous cachée.

11 Vois comme trois sens
Rendent tablier
Devant les symboles
De ce « trois » caché
Dans le soleil même ;

12 Bien plus clament-ils
Qu’ils n’ont rien à faire
Avec l’examen
Du Père et du Fils
Et du Saint-Esprit !

13 Tiens ! Face au soleil
Expose de l’eau,
Et tu verras là
Chose qui évoque
Du Saint la Naissance.

14 Sans séparation,
Sans émanation,
Il enfante un feu,
Un enfant splendide
Comme son parent.

15 Sans séparation
D’avec le soleil,
Et sans particule
Au milieu de l’eau :
Symbole de taille !

16 Quoique restent intègres
L’eau et le soleil,
Un enfant est là,
Dans lequel on voit
La Noël du Fils.

17 Pour nous, faibles gens,
Il a figuré
L’ardu dans le simple,
Pour que nous sachions
En clair qu’Il est Fils.

18 De tous les exemples
Le Tendre Se sert
Pour nous approcher
En notre langueur :
C’est pour la guérir.

19 Que si le Seigneur,
Qui est Dieu aussi,
N’a point approché
Notre humanité
Sans user d’images,

20 Que l’homme lui-même,
Étant si infirme,
Recherche des voies
Pour que sa faiblesse
Accède au Très-Haut.

21 Ne paresse pas,
Ô esprit de l’homme !
Construis des ponts
Spirituels et passe
Vers ton Créateur !

22 Ô fils de l’esclave,
Fais toi un pennage
Des Écrits sacrés,
Et cherche à atteindre
Le Fils de ton Maître !

23 Et que l’âme aussi
Se déploie et cherche
Par tous les moyens
Comment parvenir
Jusqu’au Saint-Esprit.

24 Et toi aussi, corps,
Secoue la mollesse !
Vole comme un aigle
Jusqu’au Corps qui donne
Au monde la Vie !

25 Et puisque de l’homme
Les sens sont trop faibles
Pour inventorier
La Divinité,
Ne chancelle pas !

26 Vois : même les sens
Des fils de Là-haut,
Bien que très subtils,
Bien que spirituels,
Sont dans l’impuissance.

27 Cesse, cesse donc
Cette inquisition !
Obtus sont les sens
Et grossier le corps,
Dégouttant de pus !

28 Laisse de côté
Ces choses trop pures
Et fais nous discours
Sur les saletés
Des démons infects !

29 Ah ça, qu’ils nous parlent,
Les sens de ton corps,
Au sujet des sens,
Des sens spirituels
Des démons fétides !

30 Avec quels naseaux
Renifle « Légion » ?
Et avec quels pieds
Le Mauvais circule
Par la création ?

[fin]

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