Éphrem de Nisibe : Hymne sur le Saint Esprit

Jeudi 28 juillet 2005 — Dernier ajout jeudi 15 novembre 2007

Vous trouverez ici une traduction inédite de la très belle hymne LXXIV de saint Éphrem de Nisible. Le poète y compare l’Esprit Saint à la chaleur qui réchauffe la nature et les cœurs pour leur communiquer la vie divine.

HYMNE LXXIV

Sur la même mélodie

1 Hé ! Comment pourrai-je
Te fixer, soleil,
Te considérer ?
De ton Seigneur, foule
En toi de symboles !

  • Refrain : Béni, Ton Enfanteur !

2 Sa chaleur, qui donc
Pourrait la scruter ?
De lui distinguable,
Mais non séparée :
Ainsi l’Esprit Saint.

3 De cette chaleur
La puissance habite
En toutes les choses ;
Tout entière en toutes
Et toute en chacune.

4 Point ne se sépare
Du rayon lui-même :
Elle lui est unie !
Du soleil non plus,
Car mêlée à lui.

5 Quoique elle s’étende
À tout le créé,
Chaque créature
En reçoit l’effet
Selon sa mesure.

6 Avec la chaleur
Se chauffe le nu,
En s’en revêtant,
Comme fit Adam
Quand dépouillé fut.

7 Aimable, la chaleur,
À tous les dénudés ;
Elle les envoie ,
Comme gens habiles,
A toutes les tâches.

8 L’Esprit Lui aussi
Vêtit les Apôtres
Et les envoya
Des quatre Côtés
Accomplir leurs tâches.

9 Grâce à la chaleur
Tout peut être cuit,
Comme par l’Esprit
Tout est sanctifié :
Evidente image !

10 Par elle vaincu
Le froid qui se trouve
Au-dedans du corps,
Comme la souillure
Par le Saint-Esprit.

11 Par elle déliés
Encore les doigts
Que crispait le gel,
Tout comme les âmes
Que crispait le Mal.

12 Grâce à elle dansent
Taurillons d’Avril,
Comme les disciples
Grâce au Saint-Esprit
Qui habite en eux.

13 Grâce à la chaleur
Encor sont brisés
Les freins de l’hiver
Qui tiennent contraints
Les fruits et les fleurs.

14 Grâce au Saint-Esprit
Encor sont brisés
Les freins du Malin
Qui tiennent contraints
Tous les bons secours.

15 La chaleur réveille
Aussi la matrice
De la terre quiète,
Comme fait l’Esprit
Pour la Sainte Église.

16 Seul et démuni,
À quoi bon se perdre,
À quoi bon scruter
Un trésor immense
Qu’on ne peut cerner ?

17 Quoi ! Se mesurer
Avec Lui ? Erreur !
Infime pour Lui
Tout ce qui existe,
Des quatre Côtés.

18 La chaleur défait
Le mauvais mutisme
Et son air glacial,
Silence d’hiver
Aux lèvres imposé.

19 Elle jase, la bouche,
Et la langue aussi,
Tout comme les langues
De feu qui résident
Dessus les disciples.

20 Car le Saint-Esprit,
Grâce à Sa chaleur,
Au moyen des langues,
Chassa le silence
Bien loin des disciples.

21 Silence vilain,
Silence gelé,
Comme par Hiver
Tout terrorisé,
N’osait point parler.

22 Le Peuple en effet,
Symbolisé par
L’hiver et le froid,
Faisait grise mine
Contre les disciples.

23 Mais le Saint-Esprit,
Par le biais des langues
De feu qui survinrent,
Défit l’âpreté
De tous ces frimas.

24 De chez les disciples
Il chassa la crainte ;
Le silence aussi
Des langues s’enfuit,
Et ce, grâce aux langues !

25 Espèce d’hiver,
Satan fut maté ;
Et le Peuple avec,
Irrité, tout noir
Comme Février.

26 Alors gazouillèrent
Les moineaux du ciel
En nouveaux ramages,
Bravant l’épervier,
Méprisant l’hiver.

27 Voilà ce qu’opère
La chaleur ; et puis
Voilà ce qu’achève
L’Esprit Saint aussi :
Qui donc y suffit ?

[Fin]

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