Grégoire de Nazianze : Lettre 2, à Basile de Césarée

Mardi 10 novembre 2009 — Dernier ajout vendredi 9 avril 2010

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Cette lettre, légèrement postérieure à la précédente, répond à un courrier perdu de Basile qui raillait la région de Tibérine, la patrie de Grégoire, à proximité de Nazianze. Grégoire lui répond sur le même ton, avec humour et vivacité.

e ne puis souffrir que tu critiques la Tibérine, sa boue et ses hivers, ô toi que la boue ne salit jamais, toi qui marches sur la pointe des pieds et qui te promènes sur des planchers, homme ailé, aérien, emporté par la flèche d’Abaris [1], — puisque tu veux fuir la Cappadoce, tout Cappadocien que tu es.

2. Vous faisons-nous quelque tort parce que vous êtes pâles, parce que vous respirez à peine et que le soleil vous est mesuré, tandis que nous sommes gras, rassasiés et au large ?

3. Mais (dites-vous), vous jouissez aussi de ces avantages, et, en plus, vous avez des plaisirs, vous êtes riches, vous flânez sur les places publiques. — C’est ce dont je ne vous félicite pas. Cesse donc de critiquer notre boue, car ce n’est pas toi qui as créé ta ville, pas plus que nous l’hiver ; sinon, nous te reprocherons, non par la boue, mais les bouges [2] et tout ce que les villes offrent de mauvais.

Source :

D’après Grégoire de Nazianze, Poèmes et lettres, choisis et traduits avec introduction et notes par Paul Gallay, Emmanuel Vitte, éditeur, Lyon 1941, p. 162-163.

[1Apollon avait donné à Abaris une flèche avec laquelle il parcourait la Grèce en rendant des oracles.

[2Jeu de mots entre πηλὀς, la boue, et κάπηλος, trafiquant, cabaretier.

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