Grégoire de Nysse : Sur la Pentecôte

Lundi 24 mai 2004 — Dernier ajout vendredi 9 avril 2010

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Nous sommes à la fin du IVe siècle. Grégoire de Nysse († 395), le frère de Basile de Césarée, célèbre la Pentecôte avec ses paroissiens. Il leur explique pourquoi cette solennité doit être une occasion de joie pour chacun. Au passage, il dénonce l’erreur de ceux qui se refusent à confesser la divinité du Saint Esprit. Cliquez pour télécharger ce texte.

Le sermon Sur la Pentecôte ou Sur le Saint Esprit est extrêmement bien construit. Il est divisé en deux parties annoncées dans l’introduction.

Grégoire de Nysse part de l’ouverture du Psaume 94, « Venez, crions de joie pour le Seigneur » et s’interroge sur ce que signifie cette invitation à la joie proposée par la liturgie pour fêter la grâce de la Pentecôte. Grégoire répond à la question en deux temps. Le premier consiste à se demander ce que fut, en tant que telle, la grâce originelle de la Pentecôte. Celle-ci étant explicitée, il convient de comprendre en quoi la fête de la Pentecôte suscite aujourd’hui encore la joie des chrétiens, en quoi la grâce de la Pentecôte est toujours actuelle. Grégoire aboutit ainsi à un plan en deux parties.

  • I. La grâce de la Pentecôte : joie de la révélation plénière du Salut en l’Esprit qui est Seigneur

Cette première partie retrace dans ses grandes lignes l’histoire du salut. À l’origine, l’homme s’est trompé, et a été trompé, dans sa compréhension de Dieu. Sa rupture de communion avec le Dieu de l’univers l’a conduit à l’idolâtrie. Mais le Seigneur de la création ne l’a pas abandonné à son sort. Au contraire, la philanthropie divine s’applique à libérer l’homme de l’erreur en l’amenant progressivement à la connaissance de la vérité.
Cette progressivité est illustrée par l’exemple des soins donnés aux personnes qui ont souffert d’une longue famine. Les médecins ne les conduisent pas immédiatement au rassasiement car leurs corps, affaiblis par la famine, ne toléreraient pas une nourriture abondante. Il en va de même dans le domaine spirituel : l’homme coupé de sa communion à Dieu ne peut accéder immédiatement à la totalité du mystère divin car il ne supporterait pas la pleine révélation du mystère de la foi baptismale. Celle-ci proclame que l’homme est sauvé au nom du Père, du Fils et de l’Esprit. Les hommes ont donc d’abord été détournés du polythéisme par la Loi et les Prophètes, pour s’habituer au Dieu unique, puis ce fut la révélation du Fils, et, après cela, celle de l’Esprit. C’est ainsi que l’homme par assimilation progressive du mystère de la foi en vient à pouvoir se nourrir la la perfection du mystère trinitaire qui, en fait, est la nourriture parfaite qui convient à sa nature.

Telle est la grâce que célèbre la fête de la Pentecôte, telle est la source de la joie : en l’Esprit Saint, la perfection du mystère de la foi a été offert à l’homme. La foi trinitaire y trouve son achèvement dans l’Esprit Saint qui est Seigneur.

  • II. Aujourd’hui la joie de la Pentecôte naît de l’accueil de la divinité de l’Esprit

La seconde partie du sermon consiste en une recherche d’une compréhension actuelle de la grâce de la Pentecôte.

Grégoire commence par retracer dans ses grandes lignes l’événement pentecostal tel que le décrit le livre des Actes. Ce développement comporte une incise d’ordre spirituel qui rappelle que la participation à l’Esprit suppose que le croyant habite la chambre haute de cette vie, c’est-à-dire qu’il soit effectivement tourné vers les réalités célestes.

Après ce retour sur l’événement de la Pentecôte qui s’achève par le parler en langue des Apôtres, Grégoire passe à une autre étape de sa réflexion en cherchant à actualiser cet événement. Il s’appuie sur Saint Paul, qui préfère dire quelques paroles intelligibles que dix mille en langue, pour souligner que la grâce de la Pentecôte ne consiste plus aujourd’hui en la descente de langues de feu pour la réalisation de l’unité de la langue destinée à favoriser la prédication - l’unité de la langue étant désormais atteinte puisque le monde antique parle grec - mais dans l’accueil de la langue ardente de l’Esprit qui s’exprime dans les Écritures pour illuminer ceux qui sont dans les ténèbres de l’erreur.
Des textes de David et de Paul contribueront à bien comprendre l’Écriture, cette langue ardente de l’Esprit, qui nous révèle clairement la divinité du Saint Esprit. Grégoire s’appuie ainsi sur les premiers versets du Psaume 94 et sur He 3, 7 pour démontrer que l’Esprit Saint est Dieu Très-Haut.

Grégoire de Nysse clôt son sermon par une exhortation en interpellant les adversaires de la divinité de l’Esprit : les Pneumatomaques. Acceptent-ils la parole de l’Esprit qui se révèle dans les divines Écritures et qui montrent la divinité de l’Esprit ou s’en moquent-ils comme de ceux qui sont pleins de vin doux ! Il souhaite toutefois que ce vin doux les atteigne un jour eux aussi car il n’est autre que le vin issu du pressoir mystique, donné pour que le sang de la grappe du Seigneur puisse effectivement être bu. Mais ceux qui s’opposent à la divinité de l’Esprit jamais ne pourront contenir un tel vin car ils transportent encore la vieille outre incapable de contenir ce vin.

Grégoire termine son discours en invitant ses auditeurs à se réjouir du don de l’Esprit.

Source :

PG 46, 696-701.

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