Hilaire de Poitiers : Commentaire sur le Psaume 150

Mercredi 14 novembre 2007 — Dernier ajout jeudi 8 avril 2010

Voici une traduction inédite du Commentaire du psaume 150. Pour vous guider dans votre lecture vous pouvez lire l’introduction générale parue sur patristique.org ou consulter les explicitations propres à ce psaume.

Texte retenu par Hilaire :

Alleluia !
1- Louez le Seigneur dans ses saints,
Louez-le au firmament de sa puissance.
2- Louez-le pour ses hauts faits ;
Louez-le selon sa grandeur infinie.
3- Louez-le au son de la trompe,
Louez-le sur la harpe et la cithare.
4- Louez-le par le tambourin et la danse,
Louez-le au son des cordes et des instruments.
5- Louez-le avec les cymbales retentissantes,
Louez-le avec les cymbales de jubilation.
Que tout ce qui respire loue le Seigneur !

Commentaire du Psaume 150

1. Les psaumes se rapportent aux mystères (des sens de l’Écriture [1] ; Pourquoi sont-ils répartis en trois cinquantaines ?

Nous avons souvent expliqué le Livre des Psaumes comme se rapportant aux grands mystères des choses célestes, étant donné que l’ordonnancement de chacun se répartit en opposition à des raisons de temps et de faits objectifs, d’ordre et de numérotation, et que, d’autre part, certaines suscriptions se trouvent rattachées autrement dans les livres des Hébreux, écrites différemment, et que plusieurs titres sont portés en tête, ou bien n’existent pas.
Ainsi, étant donné qu’au-delà d’une pensée tirée de la lettre le Livre est exposé selon un sens relevant d’une manière de comprendre supérieure, il convient finalement d’en conclure que, selon la glorieuse perfection de notre espérance, le Livre montre qu’il porte au plus haut point la prophétie de tant de Prophètes.
D’abord, dans le Livre se trouve réparti un nombre de psaumes qui, à partir du nombre de la triple cinquantaine, doit permettre d’arriver au total de cent cinquante, puisque, chez les Hébreux, un nombre isolé ne peut pas se joindre aux autres ; chez eux, la plupart des psaumes, où le plus petit nombre s’associe à cette triple cinquantaine, sont reliés les uns aux autres. Il y a donc eu, chez les traducteurs, cette intelligence spirituelle qui les porta à répartir selon une règle numérique la série des psaumes accumulée dans de nombreux textes sans fragmentation, de sorte que cette organisation des psaumes et ce chiffre de trois cinquantaines pourrait constituer une plénitude et constituer en quelque sorte la base de tout le Livre. Pour la foi, ce Livre - ainsi que nous l’expliquons pour le psaume cent-cinquante -, comprend une première cinquantaine, conforme aux prescriptions de la Loi ; elle contient l’aveu et la rémission des péchés, après le sabbat des sabbats. Une autre section qui possède la plénitude du même nombre (50), concerne, non pas la rémission des péchés, mais le fruit et le devoir de la justice ; après quoi, sous l’autorité du même nombre (50), est consommée l’espérance des saints, dès lors que tout aura été renouvelé en vue de la gloire de la nature spirituelle, de sorte que, pas à pas, par ce processus où l’on en vient à communier à Dieu. Cela sera effectif lorque la rémission des péchés aura mérité le retour à l’innocence et à la fermeté du jugement, qu’elle se sera saisie en outre de la dignité de la gloire spirituelle par une vie d’innocence et une constance dans le jugement. Ainsi, le baptême, la résurrection, le changement de vie s’abstiennent de tout dérèglement, étant donné que la première cinquantaine du Livre des Psaumes nous régénère dans l’innocence ; dans celle qui suit, la (première) résurrection conduit au jugement droit de l’innocence ; la troisième cinquantaine établit la louange dans la nature de l’esprit. En effet, après que les rois aient été vaincus, entraves aux pieds, et que les princes aient eu les mains liées, après le jugement opéré par les saints comme il est écrit, puisqu’en tous les saints la gloire s’établissait, il s’en suivait par conséquent l’accomplissement plénier de cette même gloire.

2. Le psaume immédiatement antérieur (Ps 149) nous invitait à la louange de Dieu à cause de la magnificence des œuvres créées ; mais après l’hymne du Cantique nouveau, Dieu doit être loué dans les saints qu’Il a placés, après la mise par écrit du jugement, dans la gloire de l’éternité ; et Dieu leur donnera d’être désormais immuables comme récompense d’honneur céleste. Qu’Il doive être loué au firmament de sa puissance, cela s’impose puisqu’Il a assailli le firmament de sa puissance, la mort étant engloutie dans un combat lorsque l’incorruptibilité anéantira la corruption. Et pour cette raison, la louange de Sa puissance assaille le firmament de l’éternelle puissance, car l’immortalité réduira à rien la mort, attribuant (à ceux qui aiment Dieu) ce que l’œil n’a pas vu, ni ce que le cœur n’a pensé, ni ce que l’oreille n’a entendu [2] [3]

[…] Dieu, selon l’Apôtre, nous ayant bénis avant la constitution du monde d’une bénédiction spirituelle dans les cieux (Eph 1, 3). Tous les devoirs de la voix et des œuvres mettent en mouvement vers la gloire de cette louange, selon la diversité des demeures et en toute clarté. De ce fait, nous louons par les cymbales retentissantes ; cette louange d’exultation est rendue parfaite par les cymbales. Et cette louange se trouve tout entière dans les sanctifiés, parce qu’elle a chassé d’eux la corruption de la chair et du sang, parce qu’ils ont été reformés à l’image de leur Créateur, parce qu’ils ont commencé à être déjà rendus semblables à la gloire du corps de Dieu, parce qu’ils ont été remplis de toute la plénitude de Dieu, parce que Dieu est esprit (Jn 4, 24), ce n’est donc pas la chair qui, désormais, sera destinée à louer Dieu, mais l’esprit.

[1Cf. Traité De Mysteriis

[2Cf. 1 Co 2, 9.

[3Ici se trouve une lacune dans le texte d’Hilaire.

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