Liturgie des heures

Jean de Damas : Éloge de la Vierge Marie

4 décembre : Jean de Damas
Mercredi 6 décembre 2006 — Dernier ajout lundi 3 mai 2010

Vous trouverez ici un très beau passage de l’homélie « Sur la Nativité » de saint Jean de Damas. Le prédicateur y fait l’éloge de la Vierge Marie.

ne vigne aux beaux sarments (Os 10,1, Ps 128,3) a germé du sein d’Anne, mère de Marie, et elle a produit un raisin plein de douceur, source de nectar jaillissant pour les habitants de la terre en vie éternelle. Joachim et Anne se firent des semailles de justice et récoltèrent un fruit de vie. Ils se sont éclairés de la lumière de la connaissance, ils ont cherché le Seigneur et il leur vint un fruit de justice (Os 10,12 ; Is 61,11). Que la terre prenne confiance !
Enfants de Sion, réjouissez-vous dans le Seigneur votre Dieu, car le désert a verdoyé (Jl 2,21-23) : celle qui était stérile a porté son fruit. Joachim et Anne, comme des montagnes mystiques, ont fait couler le vin doux. Sois dans l’allégresse, Anne bienheureuse, d’avoir enfanté une femme. Car cette femme sera Mère de Dieu, porte de la lumière, source de vie, et elle réduit à néant l’accusation qui pesait sur la femme.

Le visage de cette femme, les hommes riches du peuple l’imploreront. Devant cette femme les rois des nations se prosterneront en lui offrant des présents. Cette femme, tu l’amèneras à Dieu, le Roi universel, parée de la beauté de ses vertus comme de franges d’or, ornée de la grâce de l’Esprit, et dont la gloire est au-dedans (Ps 45,13-14). La gloire de toute femme, c’est l’homme, qui lui est donné du dehors : mais la gloire de la Mère de Dieu est intérieure, elle est le fruit de son sein.

Ô femme tout aimable, trois fois heureuse ! Tu es bénie entre les femmes, et béni est le fruit de ton sein.

Ô femme, fille du roi David, et Mère de Dieu, le Roi universel ! Divin et vivant chef-d’œuvre, dont Dieu le Créateur s’est réjoui, dont l’esprit est gouverné de Dieu et attentif à Dieu seul, dont tout le désir se porte à ce qui seul est désirable et aimable, qui n’as de colère que contre le péché et celui qui l’a enfanté.
Tu auras une vie supérieure à la nature. Car tu ne l’auras point pour toi, puisque aussi bien ce n’est point pour toi que tu es née. Aussi l’auras-tu pour Dieu : à cause de lui tu es venue à la vie, à cause de lui tu serviras au salut universel, pour que l’antique dessein de Dieu, qui est l’Incarnation du Verbe et notre divinisation, par toi s’accomplisse.
Ton appétit est de te nourrir des paroles divines et de te fortifier de leur sève, comme l’olivier fertile dans la maison de Dieu (Ps 52,10), comme l’arbre planté près du cours des eaux (Ps 1,3) de l’Esprit, comme l’arbre de vie, qui a donné son fruit au temps qui lui fut marqué : le Dieu incarné, vie éternelle de tous les êtres. Tu retiens toute pensée nourrissante et utile à l’âme : mais toute pensée superflue et qui serait pour l’âme un dommage, tu la rejettes avant de la goûter.
Tes yeux sont toujours vers le Seigneur (Ps 25,15), regardant la lumière éternelle et inaccessible (1 Tm 6,16). Tes oreilles écoutent la divine parole et se délectent de la cithare de l’Esprit ; par elles la Parole est entrée pour se faire chair. Tes narines respirent avec délices l’arôme des parfums de l’Époux, qui est lui-même un parfum, spontanément répandu pour oindre son humanité : Ton nom est un parfum qui s’épanche, dit l’Ecriture (Ct 1,2). Tes lèvres louent le Seigneur, et sont attachées à ses lèvres. Ta langue et ton palais discernent les paroles de Dieu et se rassasient de la suavité divine. Cœur pur et sans souillure, qui voit et désire le Dieu sans souillure !

Dans ce sein l’être illimité est venu demeurer ; de son lait, Dieu, l’enfant Jésus, s’est nourri. Porte de Dieu toujours virginale ! Voici les mains qui tiennent Dieu, et ces genoux sont un trône plus élevé que les Chérubins : par eux les mains affaiblies et les genoux chancelant (Is 35,3) furent affermis. Ses pieds sont guidés par la loi de Dieu comme par une lampe brillante, ils courent à sa suite sans se retourner, jusqu’à ce qu’ils aient attiré vers l’amante le Bien-Aimé. Par tout son être elle est la chambre nuptiale de l’Esprit, la cité du Dieu vivant, que réjouissent les canaux du fleuve (Ps 46,5), c’est-à-dire les flots des charismes de l’Esprit : toute belle, tout entière proche de Dieu. Car, dominant les Chérubins, plus haute que les Séraphins, proche de Dieu, c’est à elle que cette parole s’applique !

Merveille qui dépasse toutes les merveilles : une femme est placée plus haut que les Séraphins, parce que Dieu est apparu abaissé un peu au-dessous des anges (Ps 8,6) ! Que Salomon le très sage se taise, et qu’il ne dise plus : Rien de nouveau sous le soleil (Qo 1,9). Vierge pleine de la grâce divine, temple saint de Dieu, que le Salomon selon l’esprit, le Prince de la paix, a construit et habite, l’or et les pierres inanimées ne t’embellissent pas, mais, mieux que l’or, l’Esprit fait ta splendeur. Pour pierreries, tu as la perle toute précieuse, le Christ, la braise de la divinité.

Supplie-le de toucher nos lèvres, afin que, purifiés, nous le chantions avec le Père et l’Esprit, en nous écriant : Saint, Saint, Saint le Seigneur Sabaoth, la nature unique de la divinité en trois Personnes.
Saint est Dieu, le Père, qui a bien voulu qu’en toi et par toi s’accomplît le mystère qu’il avait prédéterminé avant les siècles.
Saint est le Fort, le Fils de Dieu, et Dieu le Monogène, qui aujourd’hui te fait naître, première-née d’une mère stérile, afin qu’étant lui-même Fils unique du Père et Premier-né de toute créature (1 Co 1,15), il naisse de toi, Fils unique d’une Vierge-Mère, Premier-né d’une multitude de frères (Ro 8,29), semblable à nous et participant par toi à notre chair et à notre sang. Cependant il ne t’a pas fait naître d’un frère seul, ou d’une mère seule, afin qu’au seul Monogène fût réservé, en perfection le privilège de fils unique : il est en effet Fils unique, lui seul d’un père seul, et seul d’une mère seule.
Saint est l’immortel, l’Esprit de toute sainteté, qui par la rosée de sa divinité t’a gardée indemne du feu divin : car c’est là ce que signifiait par avance le buisson de Moïse.

Source :

Saint Jean Damascène, Homélie sur la Nativité, SC 80, § 9-10.

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