Le progrès spirituel ou épectase chez Grégoire de Nysse

Mercredi 30 janvier 2008 — Dernier ajout vendredi 7 mai 2010

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Cet article du Fr. Jimmy-Yannick Buzaré de Kergonan présente une introduction à la doctrine de l’épectase chez Grégoire de Nysse.

La doctrine grégorienne du progrès spirituel ou « épectase » (ἐπέκτασις), repose sur le passage suivant de la lettre de saint Paul aux Philippiens : « Non que j’ai déjà atteint [le but], ou que je sois déjà parfait, mais je poursuis ma course pour tâcher de le saisir, ayant été saisi moi-même par le Christ Jésus. […] oubliant ce qui est derrière moi, et tendu (ἐπεκτεινόμενοϛ), vers ce qui est en avant, je cours droit au but… » (3, 13-14). Cette doctrine apparaît chez Grégoire à de nombreuses reprises, principalement dans sa Contemplation sur la vie de Moïse ou traité de la perfection en matière de vertu [1] et dans ses Homélies sur le Cantique des cantiques. [2] En quoi consiste-t-elle ? Nous le verrons en étudiant successivement le but du progrès spirituel, son moyen, et la place de la liberté et de la grâce dans ce progrès.

Le but du progrès spirituel

2La Béatitude2

Pour Grégoire de Nysse, tout l’effort spirituel doit viser à la Béatitude, « synthèse de tout ce que l’on comprend sous le nom de bien dont rien de ce qu’on peut désirer ne fait défaut » [3]. Or, la Béatitude appartient en propre à Dieu : « Seule la divinité peut être vraiment déclarée bienheureuse » [4] ; « est appelée bienheureuse, au sens propre et premier, la nature qui est au-delà de tout. » [5] Pour l’homme donc, être heureux ce sera participer à la nature divine, « fondement de toute béatitude » [6], « par [sa] ressemblance avec [Dieu] » [7], car « comme Celui qui a modelé l’homme l’a créé à l’image de Dieu, on peut, en second lieu, appeler heureux celui qui mérite cette appellation par la participation à la véritable Béatitude. » [8] Bref, « la définition de la béatitude humaine, c’est la ressemblance avec le divin » [9]. Cette ressemblance va s’établir progressivement et comporter diverses étapes.

2Les étapes vers la Béatitude2

La participation à la Béatitude divine commence au baptême et se développe dans la mesure où l’homme harmonise sa vie avec cette purification [10]. Elle est donc susceptible d’un accroissement, d’« ascensions successives » [11] parmi lesquelles Grégoire distingue trois grandes étapes : « le rejet du mal […] ; la méditation des réalités sublimes et plus divines […] ; enfin la ressemblance avec le divin que réalisent ceux qui, grâce à ces étapes, parviennent à la perfection, en vertu de laquelle sont également dites bienheureuses les étapes précédentes. » [12] Leur correspondent trois livres bibliques : les Proverbes, l’Ecclésiaste et le Cantique des cantiques. Le premier a été écrit « pour naître au désir des vertus. » Le deuxième pour purifier le cœur de l’attachement aux apparences et le pousser à désirer la beauté invisible. Enfin, le troisième « introduit la pensée dans les secrets de Dieu. » [13]

2Le paradoxe de la Béatitude2

L’état bienheureux auquel l’homme parvient à travers les différentes étapes de sa vie spirituelle, et c’est là proprement l’originalité de la doctrine grégorienne, est un état paradoxal parce qu’il comporte « à la fois pour l’âme un aspect de stabilité, de possession, qui est la participation qu’elle a à Dieu - et de l’autre un aspect de mouvement qui est l’écart toujours infini de ce qu’elle possède de Dieu et de ce que Dieu est » [14] ; « C’est là la plus paradoxale de toutes les choses, que stabilité et mobilité soient la même chose. Car d’ordinaire celui qui avance n’est pas arrêté et celui qui est arrêté n’avance pas. Ici il avance du fait même qu’il est arrêté. Qu’est-ce que cela veut dire ? Que plus quelqu’un demeure fixé et inébranlable dans le bien, plus il avance dans la voie de la vertu. » [15] La divinisation implique donc un progrès et une « extension » - ἐπέκτασις - sans fin : « Jamais l’âme n’atteindra la perfection dernière, car elle ne touchera jamais sa limite. […] Le Bien premier en son essence est illimité, la communion d’être avec lui, pour qui s’en rassasie, doit également être sans limite et capable de recevoir toujours davantage. » [16] En somme, « vouloir étreindre la Beauté toujours plus, là se trouve la perfection de la nature humaine. » [17]

Cette union croissante à Dieu n’est d’ailleurs pas réservée, selon Grégoire, au temps de la vie sur terre, mais se poursuit jusque dans l’éternité : « La part sans cesse atteinte de cette nature bienheureuse des biens est abondante, mais la surabondance de ce que l’on obtient éternellement est infinie, et cela est sans fin pour celui qui y prend part, et les progrès, pour ceux qui y participent, passant par des biens toujours plus grands, perdurent dans toute l’éternité des siècles. » [18]

2Rôle du Verbe dans la quête de la Béatitude2

Sur le chemin de la Béatitude, l’homme est précédé par le Verbe divin qui, dans le Christ, ne cesse de l’éveiller à désirer Dieu toujours plus. Le Christ est en effet le Bien-aimé du Cantique des cantiques qui appelle sa Bien-aimée, l’âme, à le suivre dans une ascension sans limite : « Le Verbe commande à l’âme qui a progressé dans la divinité de venir à lui. Cette âme, fortifiée aussitôt par cet ordre, devient telle que le voulait son fiancé, métamorphosée en un sens plus divin et étant passée de la gloire dans laquelle elle se trouvait à une gloire plus élevée, par ce bon changement » [19] ; « La fiancée ne cesse de tendre vers des réalités encore plus élevées, toujours aidée dans son ascension par le Verbe. » [20]

Cette ascension est un exode de l’âme vers Dieu, une extase de l’âme en Dieu : « Ô bienheureuse sortie de l’âme à la suite du Verbe ! […] une sortie qui est en même temps une entrée. Car la sortie de l’endroit où nous sommes devient entrée dans les biens transcendants. C’est donc cette sortie qu’a connue l’âme, sous la conduite du Verbe qui a dit : “Je suis la voie et la porte”, et : “Si quelqu’un passe par moi, il entrera et il sortira” sans jamais cesser d’entrer et sans cesser de sortir, mais en pénétrant toujours par son élan dans les réalités supérieures, et en se dégageant toujours de ce qui a déjà été saisi. » [21]

Voir Dieu, participer à sa Béatitude, revient à le suivre sans cesse : « L’homme qui désire voir Dieu voit celui qu’il recherche dans le fait même de toujours le suivre ; la contemplation de sa face, c’est la marche sans répit vers Lui, qui est réussie si on marche à la suite du Verbe » [22] ; « C’est en cela que consiste la véritable vision de Dieu, dans le fait que celui qui lève les yeux vers Lui ne cesse jamais de le désirer » [23] ; « suivre Dieu où qu’il conduise, c’est là voir Dieu. » [24] Pour ce faire, la vertu est nécessaire.

Le moyen du progrès spirituel

2La Béatitude et la vertu2

Sans vertu, la Béatitude ne peut être atteinte : « La fin de la vie vertueuse est la Béatitude. […] L’acquisition de la vertu a pour fin de rendre bienheureux celui qui vit conformément à elle. » [25] La vertu est donc le moyen de progresser spirituellement et de parvenir à la ressemblance avec Dieu : « Le but d’une vie vertueuse consiste à devenir semblable à Dieu » [26] ; « ressembler à Dieu, tel est le but de cette vie de vertu » [27] car la divine beauté se contemple « dans l’indicible Béatitude selon la vertu » [28] et « le vêtement des vertus imite la Béatitude divine » [29] Bref, « la nature humaine [est] conduite vers la perfection par la vertu. » [30]

2Définition de la vertu2

Comment Grégoire définit-il la vertu ? Selon lui, elle « n’a d’autre limite que le vice » [31] parce qu’elle est « le milieu entre deux vices contraires. » [32] Ainsi, le courage se tient entre la lâcheté et la témérité. Mais la vertu en elle-même n’est pas quelque chose d’achevée : « Sa perfection n’a qu’une limite, c’est de n’en avoir aucune. » [33] Ceci vient de ce qu’elle est une participation à Dieu qui n’a pas de limites : « Celui qui participe à la vraie vertu, à quoi participe-t-il, sinon à Dieu, puisque la vertu parfaite est Dieu même. » [34] Surtout, elle est une qualité que Dieu infuse dans l’âme. Ce que Grégoire exprime de manière poétique en disant que les vertus sont « les rayons jaillis du Soleil de la justice pour nous illuminer » [35]. La première d’entre elles, la prière, « tête du chœur des vertus », est aussi celle « par laquelle nous demandons à Dieu toutes les autres vertus. » [36] Néanmoins, le fait qu’elles sont toutes des dons divins ne dispense pas l’homme de les exercer car « elles élèvent au sommet ceux qui les pratiquent. » [37]

2La vertu et le Christ2

La ressemblance avec Dieu que permet d’atteindre la vertu passe par le Christ. C’est Lui en effet le grand modèle de toutes les vertus que l’homme doit chercher à imiter. Pour le faire comprendre, Grégoire recourt à une comparaison empruntée au monde de la peinture artistique : « Il faut utiliser bien purifiées les couleurs des vertus, et les mêler les unes aux autres, comme font les artistes, pour imiter la beauté, de manière à devenir nous-mêmes image de l’Image, en reproduisant la beauté-prototype par une imitation aussi efficace que possible ; c’est ce que faisait Paul en se rendant l’imitateur du Christ par une vie vertueuse. » [38] Le Christ est le Bien-aimé du Cantique des cantiques chez qui la Bien-aimée, l’âme, « contemple fermement les exemples des vertus. » [39]

2Les différentes vertus2

Pour Grégoire, toutes les vertus sont surnaturelles. Elles ne se distinguent pas entre vertus morales et vertus théologales. De plus, sont inclus parmi elles ce que nous appelons les fruits et les dons du Saint-Esprit. Leur liste, jamais donnée de manière exhaustive, varie selon les ouvrages. Elle comprend : la droiture, l’obéissance, la foi, l’espérance, la justice, le service, l’humilité, la douceur, la joie, l’amour [40] ; « la sagesse, la prudence, l’équité, le courage, la réflexion, etc » [41] ; « l’absence de colère, l’oubli du mal infligé par ses ennemis, l’amour pour ceux qui souffrent, la bonne action rendue en échange du mal, la tempérance, la pureté, la patience, […] le refus de se laisser séduire par la vaine gloire et l’illusion de cette vie. » [42] ; « l’amour, la joie, la paix, la patience, la bonté. » [43] Leur pratique supposent liberté humaine et grâce divine.

Liberté, grâce et progrès spirituel

2Liberté de l’homme2

L’âme humaine, créée à l’image de Dieu Maître de l’univers, « est, dès sa création, une nature royale » [44], donc indépendante, autonome et libre car : « La liberté est la ressemblance avec ce qui est sans maître, ce qui se régit par soi-même » [45]. Autrement dit, « [Dieu] a donné à la nature raisonnable la grâce du libre-arbitre. » [46] C’est pourquoi l’homme peut choisir entre Dieu et le mal : « [la liberté de choix] ne peut se définir que comme un mouvement libre vers le bien ou le mal, c’est-à-dire comme une progression vers la plénitude de l’être, ou comme une régression vers le néant. » [47] Selon qu’il opte pour Dieu ou pour le mal, l’homme s’y assimile : « La nature humaine […] se transforme selon l’image produite par ses choix. » [48] L’homme s’enfante en quelque sorte lui-même : « [notre naissance spirituelle] est le résultat d’un choix libre et nous sommes ainsi en un sens nos propres parents, nous créant nous-mêmes tels que nous voulons être et par notre volonté nous façonnant selon le modèle que nous choisissons […] par la vertu ou par le vice. » [49] ; « Dans les autres naissances, les êtres doivent leur existence à l’impulsion de leurs parents : la naissance spirituelle dépend de la volonté de celui qui naît. » [50] La liberté de l’homme préside à sa naissance spirituelle soit pour Dieu en pratiquant la vertu, soit pour le mal en usant du vice. Dans le premier cas, la grâce précède et accompagne l’action humaine.

2Rôle de la grâce2

Ce que Grégoire écrit de la liberté, pourrait donner à penser que, d’une certaine manière, l’homme n’a pas besoin de Dieu pour parvenir à la Béatitude. Il n’en est rien : « la couronne ne dépend pas uniquement du labeur des hommes ni de leurs efforts. » [51] L’aide divine est requise : « la grâce de l’Esprit Saint est donnée à chacun en vue de son labeur, c’est-à-dire pour le progrès et la croissance de celui qui la reçoit. » [52] Le progrès spirituel suppose donc une collaboration, une synergie, entre la liberté humaine et la grâce de Dieu qui est première : « [La volonté de Dieu], c’est que l’âme prenne la forme de la piété, à mesure que la grâce de l’Esprit la fait fleurir jusqu’à la beauté suprême, travaillant avec l’homme qui peine à sa transformation. » [53]

Grâce et liberté sont toutes deux nécessaires à qui s’avance vers Dieu. Que l’une fasse défaut et le salut est compromis : « La grâce de l’Esprit et l’œuvre bonne, concourant à la même fin, comblent de cette vie bienheureuse l’âme dans laquelle elles se réunissent. Séparées au contraire, elles ne procureraient à l’âme aucun profit. Car la grâce de Dieu est de telle nature qu’elle ne peut visiter les âmes qui refuse le salut ; et le pouvoir de la vertu humaine ne suffit pas à lui seul pour élever jusqu’à la forme de la vie [céleste] les âmes qui ne participent pas à la grâce. “Si le Seigneur ne bâtit la maison et ne garde la cité, dit l’Écriture, c’est en vain que le gardien veille et que peine le bâtisseur”. » [54]

La reconnaissance par l’homme de l’œuvre de la grâce en lui garantit son humilité : « Il faut à la fois mettre tout son entrain, toute sa charité, toute son espérance, dans les labeurs de la prière, du jeûne et des autres exercices, et rester cependant persuadé que les fleurs et les fruits de ce travail sont l’œuvre de l’Esprit. Si quelqu’un en effet, met le succès à son compte et attribue tout à ses efforts, la jactance et l’orgueil pousseront chez lui, au lieu des bons fruits. […] Que doit donc faire celui qui vit pour Dieu et pour son espérance ? Soutenir allègrement les combats de la vertu, mais fonder sur Dieu seul la liberté de l’âme […] et son ascension vers la cime des vertus. » [55]

Conclusion

La doctrine du progrès spirituel chez Grégoire de Nysse est particulièrement riche et nous n’avons pu ici que la survoler. Son originalité tient à l’identification du progrès et de la perfection : « Le fond de notre pensée : la vie parfaite est celle dont aucune borne ne limite le progrès dans la perfection et que la croissance continuelle de la vie vers le meilleur est la voie pour l’âme vers la perfection. » [56]

Soutenu par la grâce divine depuis le baptême, conduit par le Christ et cherchant à l’imiter, l’homme, libre de ses choix, est appelé à pratiquer les vertus infusées en son âme pour ne jamais cesser d’entrer toujours plus avant en possession de la Béatitude divine. L’épectase est la destinée même de l’homme : « Nulle limite ne saurait interrompre le progrès de la montée vers Dieu, puisque d’un côté le Beau n’a pas de borne et que de l’autre la croissance du désir tendu vers Lui ne saurait être arrêtée par aucune satiété. » [57]

[1Vie de Moïse, SC 1.

[2Homélies sur le Cantique des cantiques, PDF 49-50.

[3Voir Les Béatitudes, PDF 10, p. 29.

[4Ibid.

[5Voir Sur les titres des psaumes, SC 466, p. 165.

[6Voir Les Béatitudes, o. c. , p. 68.

[7Ibid., p. 32.

[8Ibid., p. 29-30.

[9Voir Sur les titres des psaumes, o. c., p. 165.

[10Cf. Catéchèse de la foi, PDF 6, p. 94.

[11Voir Sur les titres des Psaumes, o. c., p. 261.

[12Ibid., p. 167.

[13Cf. Cantique des cantiques, o. c., p. 44-45.

[14Voir J. Daniélou, Platonisme et théologie mystique, doctrine spirituelle de saint Grégoire de Nysse, Aubier, 2e éd., 1953, p. 305.

[15Voir Vie de Moïse, o. c., p. 145-146.

[16Contre Eunome, PG 45, 340D.

[17Vie de Moïse, PG 44, 301C.

[18Voir Le Cantique des cantiques, o. c., p. 178.

[19Ibid., p. 183.

[20Ibid., p. 206.

[21Ibid., p. 244-245.

[22Voir Le Cantique des cantiques, o. c., p. 246.

[23Voir Vie de Moïse, o. c., p. 142.

[24Ibid., p. 149-150.

[25Voir Sur les titres des Psaumes, o. c., p. 163.

[26Voir Les Béatitudes, o. c., p. 31.

[27Voir Le Cantique des cantiques, o. c., p. 195.

[28Voir La Création de l’homme, PDF 23, p. 47.

[29Voir Le Cantique des cantiques, o. c., p. 196.

[30Ibid., p. 103.

[31Voir Vie de Moïse, o. c., p. 50.

[32Traité de la virginité, SC 119, p. 355.

[33Voir Vie de Moïse, o. c., p. 49.

[34Voir Ibid., p. 50. Cf. aussi Traité de la virginité, SC 119, p. 499 : « Dieu, vertu accomplie. »

[35Écrits spirituels, PDF 40, p. 39.

[36Ibid., p. 92.

[37Ibid., PDF 40, p. 39. C’est nous qui soulignons.

[38Voir Écrits spirituels, o. c., p. 48.

[39Voir Le Cantique des cantiques, o. c., p. 108.

[40Cf. Écrits spirituels, o. c., p. 92.

[41Voir Le Cantique des cantiques, o. c., p. 53.

[42Ibid., p. 108.

[43Ibid., p. 195.

[44Voir La création de l’homme, o. c., p. 45.

[45L’âme et la résurrection, PDF 73, p. 79.

[46Voir Le Cantique des cantiques, o. c., p. 66.

[47Voir J. Gaïth, La conception de la liberté chez Grégoire de Nysse, Paris, Vrin, 1953, p. 78.

[48Ibid., p. 96.

[49Voir Vie de Moïse, o. c., p. 54.

[50Voir Catéchèse de la foi, o. c., p. 100.

[51Le But divin, Paris, Téqui, 1986, p. 22.

[52Ibid., p. 19.

[53Ibid., p. 20.

[54Ibid., p. 21.

[55Ibid., p. 57-58.

[56Voir Vie de Moïse, o. c., p. 168.

[57Ibid., p. 145.

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