Lors du précédent cours, nous avons abordé les écrits des Pères apologistes. Nous avons vu que leur souci principal était de présenter la foi chrétienne à des personnes, juives ou païennes, qui ne connaissaient pas le christianisme. À l’exception de Théophile d’Antioche, d’Apollinaire de Hiérapolis et probablement de Méliton de Sardes, les apologistes étaient des laïcs qui défendaient le Christ et ses disciples dans une culture qui leur était plutôt hostile.
Centrons à présent notre attention sur les communautés chrétiennes elles-mêmes. Elles connaissent en cette fin de deuxième siècle une certaine fébrilité car elles sont traversées par des courants religieux gnostiques qui exercent une grande séduction auprès des fidèles.
Irénée, qui vient d’être nommé évêque de Lyon, est très sensible au danger que représente, pour les chrétiens les plus faibles, cette mouvance religieuse. Celle-ci proclame en effet que le salut appartient à ceux qui ont la connaissance et s’oppose ainsi radicalement à l’enseignement évangélique qui annonce que tout homme peut être sauvé par sa foi en Jésus-Christ. Aussi Irénée entreprend-il, à la demande d’un ami, de réfuter cette « gnose au nom menteur ».