Sérapion d’Antioche : Lettre à l’Église de Rhossos

Samedi 24 octobre 2009 — Dernier ajout jeudi 8 avril 2010

Sérapion, évêque d’Antioche de Syrie entre 191 et 211, adresse une lettre à l’Église de Rhossos en Cilicie. Il y adopte une position à la fois ouverte et prudente en ce qui concerne l’évangile apocryphe de Pierre, ouvrage qu’il ne connaissait pas, et qui avait été mis en circulation dans la communauté par des chrétiens docètes, c’est à dire par des croyants qui peinaient à reconnaître ou qui refusaient de confesser que le Fils de Dieu s’est réellement incarné en un homme, Jésus.

Un passage de cette lettre a été sauvegardé par Eusèbe de Césarée. L’historien de l’Église mentionne encore deux autres courriers de l’évêque d’Antioche, il en cite quelques petits fragments. Tout le reste de la correspondance de Sérapion a été perdue.

our nous, frères, nous recevons Pierre et les autres apôtres comme le Christ. Mais nous rejetons les écrits qui portent faussement leurs noms, en hommes d’expérience, sachant que nous n’avons rien reçu de semblable.
Moi-même, en effet, étant auprès de vous, je supposais que vous étiez tous attachés à la foi droite, et, n’ayant pas lu l’évangile présenté par eux sous le nom de Pierre, je disais : « S’il n’y a que cela qui paraisse vous contrarier, on peut le lire ». Mais maintenant j’ai appris que leur esprit se dissimulait dans quelque hérésie, du moins à ce que l’on m’a dit. Je me hâterai donc d’être auprès de vous. Ainsi, frères, attendez-moi bientôt.

Pour nous, frères, ayant compris de quelle hérésie était Marcianus, qui se contredisait lui-même, ne sachant pas ce qu’il disait, ainsi que vous l’apprendrez par ce qui vous a été écrit, nous avons pu en effet, par d’autres personnes qui pratiquaient cet évangile même, c’est-à-dire par les successeurs de ceux qui l’ont introduit d’abord — nous les appelons docètes car la plupart de leurs pensées appartiennent à cet enseignement — nous avons pu, dis-je, par ce moyen, emprunter ce livre, le parcourir et y trouver, avec l’ensemble de la vraie doctrine du Sauveur, quelques compléments, que nous vous avons soumis.

Source :

Eusèbe de Césarée, Histoire ecclésiastique, VI, xii, 3-6.

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