Jean de la Bruyère : Les Pères, des génies méconnus

Mercredi 20 janvier 2010 — Dernier ajout jeudi 8 avril 2010

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Vous trouverez ici un témoignage de Jean de la Bruyère à propos des Pères de l’Église.

n Père de l’Église, un docteur de l’Église, quels noms ! quelle tristesse dans leurs écrits ! quelle sécheresse, quelle froide dévotion, et peut-être quelle scolastique ! disent ceux qui ne les ont jamais lus.
Mais plutôt quel étonnement pour tous ceux qui se sont fait une idée des Pères si éloignée de la vérité, s’ils voyaient dans leurs ouvrages plus de tour et de délicatesse, plus de politesse et d’esprit, plus de richesse d’expression et plus de force de raisonnement, des traits plus vifs et des grâces plus naturelles que l’on n’en remarque dans la plupart des livres de ce temps qui sont lus avec goût, qui donnent du nom et de la vanité à leurs auteurs !
Quel plaisir d’aimer la religion, et de la voir crue, soutenue, expliquée par de si beaux génies, et par de si solides esprits ! surtout lorsque l’on vient à connaître que pour l’étendue de connaissance, pour la profondeur et la pénétration, pour les principes de la pure philosophie, pour leur application et leur développement, pour la justesse des conclusions, pour la dignité du discours, pour la beauté de la morale et des sentiments, il n’y a rien par exemple que l’on puisse comparer à saint Augustin, que Platon et que Cicéron.

Source :

Jean de la Bruyère, Les caractères ou les moeurs de ce siècle, dans Les Caractères de la Bruyère suivis des Caractères de Théophraste, précédés d’une notice sur la Bruyère par M. J. Simmonin, Emmler frères libraires, Paris 1829, t. 2, p. 84.

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