Théodore de Mopsueste : Explication du symbole de foi (IV)

Mardi 25 novembre 2008 — Dernier ajout mercredi 28 avril 2010

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Les Homélies catéchétiques de Théodore de Mopsueste furent découvertes en 1932 dans un manuscrit syriaque. Elles sont au nombre de seize. Les dix premières commentent la profession de foi, les autres expliquent le Notre Père, la liturgie baptismale et l’eucharistie.

Après un rappel sommaire de ce qui a été dit la veille touchant la divinité du Monogène (§ 1-2), l’orateur va expliquer ce qui concerne particulièrement sa génération éternelle. Le Verbe est de la nature de Dieu, il n’est pas œuvre de Dieu (§ 3-7) ; il est vrai Dieu de vrai Dieu (§ 8-12), consubstantiel à son Père (§13-17) ; par lui furent constitués les mondes et fut créée toute chose (§ 18-19).

Quatrième homélie sur la foi

1. Ce que nos pères bienheureux ont dit de la divinité du (Fils) Unique, hier, selon notre capacité, nous l’avons abordé et expliqué à Votre Charité, aussi brièvement que possible, en réservant le reste pour un autre jour. Nous étions, en effet, arrivés dans notre exposé à développer, comme aussi vous vous en souvenez, cette parole qui dit : « qui est né de son Père avant tous les siècles, et non pas faits » ; et là nous avons arrêté notre discours. Si vous voulez (bien), nous recommencerons, avec la grâce de Notre Seigneur, par cette même phrase. Nous disions en effet que cette parole « qui est né de son Père avant tous les siècles » (nos pères) nous enseignaient qu’en vérité il est Fils, et non par imputation - comme les hérétiques disent que c’est par un nom d’emprunt qu’il est fils -, comme ceux qui par grâce sont appelés des fils. Mais lui seul il est Fils véritable de Dieu le Père, puisqu’il est l’Unique et que seul il est né de Dieu, son Père.

2. C’est pourquoi en effet ils ajoutèrent ce « qui est né de son Père avant tous les siècles », car ceci convenait à l’Unique Fils de Dieu, celui qui est vérité est Fils et n’en reçut pas seulement le nom, mais est de la nature du Père et de (toute) éternité existe de Lui et avec Lui ; et cela parce qu’on ne peut même pas concevoir qu’il y ait quelque chose entre Dieu le Père et Dieu le Fils. Car Dieu est au-dessus de toute chose ; or ce qui est au-dessus de toute chose est au-dessus du temps et de (toute) éternité existe. Si donc Dieu le Père de (toute) éternité existe et (si) le Fils de Dieu, lui aussi de (toute) éternité existe, « Dieu de Dieu » - lequel existe de toute éternité -, (issu) de Celui qui de toute éternité existe : et il n’y a rien entre Dieu et Dieu. On ne peut donc concevoir ni temps ni siècles qui (puissent) être avant Dieu ; et ainsi non plus, avant le Fils il n’y a rien, parce que lui aussi est Dieu. Donc, de son Père il est né avant toute chose, et de toute éternité il existe, car c’est de Celui qui de toute éternité existe, qu’il est né.

3. Comme profession de foi parfaite, il eût suffi à des gens ayant une volonté religieuse bonne, d’accepter ce nom d’Unique et (de) dire qu’il est le Fils véritable. Mais (les pères) ajoutèrent encore à cette parole ceci : « qui en est engendré avant tous les siècles », car ces deux paroles indiquent comment l’Unique est Fils de Dieu. Donc, à bon droit, pour réfuter ceux qui ont la haine de la vérité, ils ajoutèrent aussi : « qui n’a pas été fait. » Car, qu’il soit l’Unique et soit Fils de Dieu, et que du Père il soit engendré avant tous les siècles, et que de (toute) éternité il existe de la nature du Père, nous le confessons ; (mais) de ce que conçoivent les impies (en) disant que le Fils de Dieu est (une) œuvre, nous nous abstenons absolument. Car il est né de Dieu et ne fut pas fait ; et il est de la nature de Dieu et n’est pas une œuvre : car (être) Fils est fort étranger à (être) œuvre. S’il est Fils, en effet, il ne fut pas œuvre, et s’il est œuvre il n’est pas Fils. Car s’il est Fils il est de lui et ne lui est pas extrinsèque ; mais s’il est œuvre il (lui) est extrinsèque. Et s’il est Fils, il est de lui et lui est semblable ; mais s’il est une œuvre, il lui est extrinsèque, et non pas de lui ni semblable à lui.

4. Car c’est ce que même les lois de la nature enseignent, puisque nous-mêmes appelons fils ceux qui sont nés de nous, mais œuvres ce qui n’étant pas, a été, du dehors, ouvré par nous. De cette manière aussi en Dieu : des œuvres, nous savons qu’il y en a beaucoup ; mais le Fils est un, celui qu’aussi nous appelons l’Unique. Et ce seul Fils est celui-là qui seul existe de lui, de (toute) éternité, tandis que les œuvres nombreuses, innombrables, composées de natures nombreuses, furent faites ensuite de façon différente et variée, selon le (bon) vouloir de leur auteur. Car Dieu sut que la diversité est fort utile aux créatures, parce que faites : et certaine parmi elles furent faites d’abord, et certaines après celle-ci, et certaines ensuite ; et il y en a qui subsistent ensemble et certaines après beaucoup (d’autres). Puisque toutes les créatures devaient venir à l’être, nécessairement certaines furent faites en premier (lieu) et certaines ensuite.

5. Et puisque toute œuvre que ce soit a un commencement de son être, toutes celles qui devinrent ensuite, furent à la ressemblance de ces premières ; tandis que le Fils, puisque ce ne faut pas dans la suite que l’eut son Père, mais que dès le commencement (issu) de lui il existait et qu’avec lui de (toute) éternité il est, seul il est le Fils. Il n’était pas possible, en effet, que fût à la ressemblance de Celui qui de (toute) éternité existe celui qui aurait été fait ensuite, puisqu’il n’était même pas possible que celui qui a un commencement fût à la ressemblance de Celui qui de (toute) éternité existe.

6. Il y a en effet beaucoup d’opposition de l’un à l’autre, entre ce qui de (toute) éternité existe et ce qui reçut le commencement de son devenir ; il y a une telle distance entre eux qu’il n’est pas possible que les deux se trouvent ensemble. Quelle société, en effet, peut-il y avoir entre Celui qui de (toute) éternité existe et celui qui n’existe pas et ensuite a pris le commencement de son devenir ? Mais il est certain qu’il est fort loin et à une distance sans mesure de celui qui a un commencement, celui qui de toute éternité existe, puisque celui qui est de toute éternité n’a pas de limite. Celui en effet dont le devenir a un commencement, son devenir même est circonscrit par une limite ; et celui dont le commencement est délimité, infini est le temps qui précède son devenir. Car on ne peut délimiter ni dire de combien Celui qui de toute éternité existe est éloigné de ce qui n’existant pas commença à devenir. Quelle ressemblance donc ou quelle communion peut-il y avoir entre deux qui diffèrent tellement l’un de l’autre ? Mais, puisque de toute éternité le Fils est (issu) du Père qui existe de toute éternité, un autre Fils ensuite ne devint pas à sa ressemblance ; mais il demeura seul Fils, parce que de toute éternité il est (issu) de Celui qui de toute éternité existe ; et il convenait à celui qui existe de cette manière d’être lui seul le Fils (issu) du Père.

7. C’est ainsi que nos pères nous prémunirent au sujet de la connaissance (à avoir) du Fils : ils nous écrivirent la doctrine véritable, (à savoir) qu’en confessant le Fils Unique il nous faut comprendre qu’il est du Père ; (ainsi) ils nous apprennent à fuir l’impiété des hérétiques et à nous abstenir de dire qu’a été fait le Fils, parce que (cela) est totalement étranger à la vérité. Et il ne nous faut pas penser que le Fils soit fait, ni non plus qu’il soit œuvre ; mais pour les deux (fils et œuvre) ainsi faut-il confesser comme il convient à chacun d’eux : le Fils est de la nature du Père et l’œuvre n’est pas (issue) du Père, mais extrinsèque, créée de rien.

8. Voilà ce que nous apprirent nos pères bienheureux, et ils ajoutèrent ce que requérait en conséquence la phrase : « vrai Dieu de vrai Dieu. » Celui qui est (issu) du Père et ne devint pas du dehors, mais de la nature même du Père, quoi d’autre devrions-nous penser qu’il fût, sinon ce qu’est le Père en sa nature, c’est-à-dire vrai Dieu ? Car, en ceci encore, ils suivirent la doctrine de l’évangile qui dit : « Le Verbe était auprès de Dieu et le Verbe était Dieu » (Jn 1, 1). De même en effet que l’évangéliste dit : « Dieu, il était auprès de Dieu » - et qu’il était cela même qu’est celui auprès de qui il est et de qui il est -, ainsi dirent aussi nos pères : « vrai Dieu de vrai Dieu ».

9. Ils ajoutèrent à ce « Dieu de Dieu » le « vrai de vrai », à cause de la malice de ceux qui, même contre les choses sublimes, veulent discuter et combattre. Mais le mot qu’ils dirent ne diffère pas de ce que dit l’Évangile ; celui-ci dit : « Il est Dieu auprès de Dieu » ; certainement il le dit « vrai auprès du vrai », car il ne dit pas qu’il est appelé Dieu, comme ceux qui chez les hommes sont nommés dieux, ni même qu’il est auprès de celui qui seul est appelé Dieu, mais qu’il est Dieu « auprès » de celui qui est « Dieu ».

10. Et c’est tout naturellement qu’il est Dieu auprès de celui qui naturellement est Dieu. Or les hommes, on les dits dieux, mais on ne croit pas qu’ils soient dieux par nature : « Moi, j’ai dit : Vous êtes des dieux et vous tous les fils du Très-Haut ; mais vous, comme des hommes, vous mourrez » (Ps 81, 6-7) ; car ceci je l’ai dit de vous pour vous accorder un honneur ; ce n’est pas que par nature vous soyez des dieux ; car, hommes, vous êtes mortels par nature, chose fort étrangère à la nature de Dieu ; et cela est certain par les faits eux-mêmes, car si vous étiez dieux par nature, vous ne seriez pas impliqués dans le péché et pour cela passibles de mort. (Mais) Dieu, ce n’est pas de nom seulement qu’on le dit de lui, mais par nature il est cela même dont il porte le nom ; et Dieu le Verbe, qui est auprès de lui, ce n’est pas un nom emprunté qu’il a, mais par nature il est Dieu ; et celui qui par nature est Dieu, qu’est-il d’autre sinon Dieu en vérité ? Car qu’y a-t-il de plus vrai que la nature ? Ou comment serait-il possible qu’il ne porte pas en vérité le nom de ce qu’il a par nature ? Si donc par nature il n’est pas Dieu, il n’est pas non plus Dieu en vérité ; car ce nom de la divinité, ou bien il est porté par mensonge et révolte, chez les démons qui osent se l’attribuer à eux-mêmes par usurpation, ou bien c’est par honneur, chez les hommes comme une concession de la grâce. Or, le Fils est Dieu par nature, comme l’est aussi le Père.

11. C’est autrement aussi, certes, que les hérétiques osent donner à l’Unique le nom de Fils et de Dieu, si ce n’est pas naturellement qu’il est Dieu ; or, il est bien certain qu’en vérité aussi il est Dieu, puisqu’il n’y a rien de plus vrai que ce qui est par sa nature ; puisqu’il est évident que qui est Dieu par sa nature est vrai Dieu, il ne l’est pas moins que rien non plus n’est « plus vrai que le vrai », comme (dit) la sagesse nouvelle des hérétiques, quand de chacun d’eux (le Père et le Fils), ils confessent que par sa nature il est Dieu véritable. Car, en disant que Dieu le Père par nature est Dieu et (que) Dieu le Fils par nature est Dieu, ils ne peuvent pas dire que le Fils ne soit pas Dieu véritable, lui dont ils ont dit que par sa nature il est Dieu. C’est une loi nouvelle qu’ils introduisent parmi nous dans leurs interventions : il est vrai Dieu, disent-ils, mais n’est pas comme Dieu le Père.

12. Or, étant donné que chacun d’eux est Dieu par nature, comment peut-on penser que celui-ci soit plus élevé et celui-là inférieur, puisque tous deux le sont par nature ? Il n’est pas possible, en effet, qu’une addition ou un défaut se trouvent chez celui dont les Saints Livres et ceux qui agréent leur doctrine, enseignent que par nature il est Dieu. Nos bienheureux pères, en effet, eux aussi, s’attachèrent aux Écritures et nous mirent aussi en garde contre la détestable opinion et le bavardage des hérétiques, en écrivant « vrai Dieu de vrai Dieu » ; car, qu’il soit Dieu, chose que dirent les Écritures, ils le disaient ; mais à ce que disaient celles-ci, prudemment ils ajoutèrent « vrai », pour que nous croyions que le Fils est vrai Dieu comme le Père, parce qu’il est par nature vrai Dieu, comme aussi le Père.

13. De même que, pour anéantir l’erreur de la multitude des dieux qui chez les peuples de la terre sont faussement nommés dieux, le Père est confessé Dieu, de même le Fils de Dieu (l’est) aussi, bien que nous confessions que Dieu le Père et Dieu le Fils sont un seul Dieu, parce qu’unique est la nature divine du Père et du Fils.Pour cela, nos pères bienheureux ajoutèrent qu’il est « connaturel à son Père », parole qui confirme les fidèles et réfute les incroyants, bien que la lettre même n’en soit pas écrite, mais l’idée est écrite dans les Livres Saints ; car c’est l’idée de ce qu’ils avaient avancé plus haut, qu’ici ils expliquèrent par un terme clair. Il n’y pas de différence en effet entre ce « connaturel à son Père » et ce « vrai Dieu de vrai Dieu ». Car ce n’est pas non plus autre chose qu’ils voulurent nous indiquer par ce « qui est connaturel à son Père », que cela même qu’ils avaient dit plus haut : « qui a été engendré de lui avant tous les siècles et non pas fait ». Car s’il a été engendré du (Père) avant tous les siècles, et non pas fait, il n’est pas une créature, mais vrai Fils de son Père. Il est certain qu’il n’est pas extrinsèque, mais qu’il est de lui, et engendré de sa nature même, et « connaturel à son Père ». Et s’il est « vrai Dieu de vrai Dieu », il est évident que l’un est connaturel à l’autre, car celui qui en vérité par nature est Dieu, est « connaturel » à celui qui en vérité par nature est Dieu.

14 L’idée, en effet, de ce « connaturel à son Père », est clairement aussi dans l’Écriture, quand elle dit : « Au commencement il était auprès de Dieu et il était Dieu » (Jn 1, 1). Par ces deux termes, elle enseigne que par nature il est Dieu et qu’il est connaturel à Dieu. C’est l’idée aussi de ce « Moi et mon Père nous sommes un » (Jn 10, 30. Or s’il est un en puissance et en nature, le Fils est connaturel au Père ; car ayant dit : « Mes brebis entendent ma voix et elles me suivent, et moi je leur donne la vie éternelle, et nul ne les arrachera de mes mains » (ib. 10, 27-28), il s’est rendu témoignage à lui-même de la grandeur de sa puissance et qu’il n’y a personne qui, l’emporte sur lui ; or comme l’opinion qu’ (éveillait) cette parole était trop élevée pour l’homme qui paraissait, il ajouta : « Mon Père, qui me (les) a données, est plus grand que tout, et nul ne (les) ravira de la main de mon Père » (ib., 10, 29), - déclaration qu’il abaissa en ajoutant « qu’il m’a données ». Et en effet il dit aussi de la personne du Père la même chose que ce qu’il avait dit de lui-même : nul ne prévaut contre sa puissance. Et pour montrer que ce ne fut pas sans intention qu’il se servit de termes semblables, mais pour faire savoir qu’unique est la puissance des deux, et que nul ne l’emporte sur sa puissance non plus que sur la puissance du Père, dont on croit qu’il est plus haut que tout, pour cela il dit : « Moi et mon Père nous sommes un. »

15. Cela même que le sens de ces mots nous donnait plus haut à entendre, ici il le dit clairement : une est la puissance et plus élevée que tout, comme l’est aussi mon Père. Et il n’y a rien qui prévale contre ma puissance, non plus que contre la puissance de mon Père. En effet, un sommes-nous moi et mon Père, et une est la puissance et l’autorité qui est plus haute que tout. À cause de cela, les Juifs aussi l’appelaient blasphémateur, ne comprenant pas la nature divine qui demeurait en lui mais ne connaissant que cela seulement qui paraissait, et il voulaient le lapider comme un homme usant de paroles blasphématoires.

16. C’est aussi la même chose qu’enseigne cette (parole) : « Qui me voit, voit mon Père ; et moi je suis en mon Père et mon Père est en moi » (Jn 14, 9.11). Car si le Père est vu dans le Fils, il est évident qu’unique est la nature des deux et chacun d’eux est vu et connu en l’autre ; ainsi leur égalité aussi de l’un à l’autre indique une égalité de nature. Connaturel au Père est donc le Fils, et c’est là l’idée de ce « Nul ne connaît le Fils, si ce n’est le Père ; ni le Père nul ne le connaît, si ce n’est le Fils » (Mt 11, 27). Si, en effet, ni l’un ni l’autre d’entre eux également n’est connu ni vu, il est évident que c’est à cause de l’égalité de (leur) nature qu’ils sont invisibles à tous, tandis que seul chacun d’eux connaît l’autre. Mais s’il en est ainsi, connaturel au Père est le Fils.

17. Mais bien que tout ceci soit clairement manifesté dans les Livres Saints, ceux qui inclinent au mal et sont pervers eurent l’audace, pour leur propre condamnation, de dire qu’autre est la nature du Fils et autre (celle) du Père, - par quoi ils indiquent qu’il n’est pas non plus Fils. Mais il est certain que celui qui en vérité est Fils est aussi connaturel à celui dont il est le Fils. À juste droit donc nos pères bienheureux estimèrent bon, pour mettre en garde les fidèles et ensuite pour la réfutation des hérétiques, de placer cette expression dont l’idée est sous-jacente à de nombreuses paroles des Saints Livres. Ils voulurent l’enseigner en peu de mots. Et si le bienheureux Paul ne s’est pas abstenu de placer en son enseignement les expressions dites par les sages de la Grèce, tel ce « Nous sommes de la race de Dieu » (Ac 17, 28), et (ce) « Fils de la Crète, toujours sont menteurs, animaux méchants et ventres paresseux » (Tt 1, 12) ; s’il n’a pas craint, pour réfuter des ennemis, d’écrire cela, à combien plus juste titre nos pères en écrivant le formulaire de la foi, ont-ils usé du (mot) « le Fils est connaturel au Père », dont l’idée est certaine en de nombreux endroits, même si (le mot) ne se trouve pas tel quel dans les Livres Saints.

18. Après ceci, ils dirent : « Celui par qui furent constitutés les mondes et fut créée toute chose ». De même en effet qu’après la confession de Dieu le Père, à la suite du mot « Père » ils ajoutèrent « auteur de toute chose », de même (firent-ils) au sujet du Fils ; car après avoir confessé qu’il est né du P7èe et lui est connaturel, ils ajoutèrent ce qu’il fallait justement ajouter : qu’ « il est l’auteur de toute chose ». Car Fils véritable, qui est de la nature de son Père, il est aussi créateur en vérité comme lui. À cause de cela, le bienheureux évangéliste Jean aussi, après avoir dit : « Au commencement il était auprès de Dieu et il était Dieu », ajouta : « par lui a été faite toute chose et sans lui rien ne fut fait » (Jn 1, 3), pour nous faire savoir qu’il est créateur comme Dieu son Père.

19. De cette même manière encore nos pères bienheureux, après avoir dit que « le Fils est du Père », ajoutèrent : « par lui furent constitués les mondes et fut créée toute chose ». Ils disaient ceci parce que, avant tous les mondes, il existe avec son Père, il est créateur de tout comme Dieu son Père. Et parce que par lui sont créés les mondes, il est créateur de toute la création ; et, avant tous les mondes, il est, parce que de toute éternité il est, et que ce ne fut pas (dans un) « après » qu’il commença à devenir mais qu’au commencement il était ; et il est auteur de tous les mondes, comme le bienheureux Paul dit que « par lui Dieu fit les mondes » (He 1, 2). Comme lui (s. Paul), nos bienheureux pères aussi, après avoir dit que « par Lui ont été constitués les mondes », ajoutèrent : « lui qui est créateur de toute chose » ; et ainsi nous introduisirent-ils aussi au sujet de la divinité du (Fils) Unique, en disant une chose qui concorde avec la pensée des Livres Saints, tandis qu’ils mettent en garde ceux qui s’appliquent à l’orthodoxie et repoussent les négateurs de la divinité du Fils Unique. Pour nous, aussi brièvement que nous pouvions, nous avons expliqué à Votre Charité le sens du symbole de foi. Si vous le voulez, la mesure de ce qui a été dit suffira comme leçon aujourd’hui ; faisons monter louange au Père, au Fils et à l’Esprit Saint, dans les siècles des siècles. Amen. Fin de la quatrième homélie.

Sources :

Les Homélies catéchétiques de Théodore de Mopsueste, trad. Raymond Tonneau et Robert Devreesse, Biblioteca Apostolica Vaticana, Città del Vaticano, 1949, 1961, p. 77-99.

Avec l’aimable autorisation de A. M. Piazzoni, vice-préfet de la Biblioteca Apostolica Vaticana, pour une publication en ligne jusqu’au 31 décembre 2010.

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